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Photos Francis Gagnon

AILLEURS - DE MER EN MONTAGNE : VOYAGER PENDANT CINQ MOIS À TRAVERS L'AMÉRIQUE DU NORD

Publié le 14 décembre 2017, Par Francis Gagnon

Au moment où j’écris ces lignes, le mois de novembre est bien entamé. Je viens tout juste de terminer une conversation téléphonique avec mon père, qui me racontait entre autres que les montagnes charlevoisiennes avaient commencé à blanchir. Le contraste est marquant puisque, confortablement assis dans un café branché de Vegas, nous revenons tout juste d’un séjour dans le parc national de la vallée de la Mort (Death Valley), où les températures avoisinaient les 30 °C. Ce parc s’ajoute à la longue liste des endroits que nous avons visités au cours des quatre derniers mois passés sur la route. En juillet dernier, nous avons quitté le Québec pour explorer les grands espaces et les villes du Canada et des États-Unis. Le périple est jusqu’à maintenant une expérience extraordinaire et enrichissante. Il est également le fruit de plus d’un an de préparation et d’une continuelle adaptation à différents défis qui se sont présentés à nous en cours de route.

Plus d’un an de préparation

C’était il y a un peu plus d’un an et demi. Julie et moi contemplions les énormes vagues de l’océan Pacifique qui déferlaient sur les abruptes falaises noires du parc national des volcans d’Hawaï. À travers les nombreux sujets de discussion, nous avions abordé l’idée de visiter le reste des États-Unis ainsi que le Canada dans un seul voyage. La graine d’un projet avait été plantée et allait germer quelques mois plus tard, à l’automne, alors que nous revenions d’un voyage au Wyoming. Le moment idéal se présentait en effet à nous. Nous étions à l’aube de notre trentaine, sans enfants ni maison (pour l’instant), et en bonne forme physique. Après plusieurs soirées à jaser et à faire des recherches, nous finalisions l’ébauche d’un itinéraire s’échelonnant sur environ cinq mois, qui allait nous amener à traverser une bonne partie de l’Amérique du Nord, d’est en ouest, du nord au sud.

Pendant les dix mois suivants, nous avons limité nos dépenses afin de mettre le plus d’argent possible de côté en vue du voyage. Au printemps, nous avons fait l’acquisition d’une Dogde Caravan d’occasion, suffisamment vaste pour accueillir un lit et nos bagages. Avec l’aide de sites web comme freecampsites.net, ce véhicule allait devenir un moyen très économique de voyager!

En juillet, nous étions prêts et nous quittions finalement la région de Charlevoix pour notre aventure. Première destination: le Yukon!

Direction Nord

Notre première semaine a été consacrée à avaler les milliers de kilomètres de bitume qui nous séparaient du parc national et réserve de parc national Kluane. Nous avions préparé notre itinéraire de façon à éviter les masses de touristes et à profiter le plus possible d’un climat agréable. C’est avec ces objectifs en tête que nous commencions par le Nord et que nous allions progressivement descendre vers le Sud à mesure que le temps froid s’installerait. Nous voulions également profiter au maximum des parcs nationaux en randonnant le plus possible dans l’arrière-pays.

Nous avons passé un peu plus d’une semaine au parc national et réserve de parc national Kluane, faisant plusieurs randonnées, notamment le sentier Cottonwood et celui longeant la rivière Slim’s (Ä'äy Chù Ouest). C’est d’ailleurs durant ce dernier parcours que nous avons été témoins des changements climatiques dans leur manifestation la plus évidente. La rivière Slim’s, jadis très imposante, a presque disparu au cours des dernières années; la fonte rapide du glacier Kaskawulsh, qui en était la source, a en effet détourné les eaux vers un autre affluent. Il est maintenant possible d’effectuer une bonne partie de la randonnée sur le lit de la rivière, en dehors des sentiers. Les paysages sont variés et impressionnants, mais aussi inquiétants quand ils nous font réaliser les conséquences des changements climatiques de manière si frappante.

Notre séjour au Yukon a été tout à fait incroyable. Au-delà des paysages à couper le souffle, de la faune riche et des habitants chaleureux, nous avons bénéficié d’un climat exceptionnel alliant soleil et chaleur. Nous étions enthousiastes pour la suite du voyage, mais l’Alaska nous réservait une tout autre réalité.

Humilité et résilience face à Dame Nature

Un si long voyage demande beaucoup de recherche et de planification. Il est également impératif d’avoir une certaine flexibilité, surtout lorsque la majeure partie des activités se déroulent en nature et qu’elles sont tributaires des aléas météorologiques. Nous savions que nous allions tôt ou tard être confrontés au mauvais temps, mais nous étions loin de nous douter que Dame Nature allait complètement chambouler nos plans pour le reste du voyage. Notre arrivée en Alaska a en effet été marquée par la pluie (et de la neige… à la mi-août!), les vents et le froid qui ne nous quittèrent pas une seule journée durant les deux semaines de notre passage. Longues randonnées, explorations des côtes et séjour à Denali ne sont que quelques exemples d’activités que nous avons dû annuler en raison du temps trop maussade.

Ce genre de situation nous fait prendre conscience que la nature a toujours le dernier mot et qu’il est nécessaire de faire preuve de résilience pour garder le moral. Nous avons donc révisé l’itinéraire afin de planifier des activités dans un horizon à court terme tout en nous allouant une plus grande mobilité. C’est en révisant notre parcours que nous avons atterri au parc national et réserve de Wrangell-St. Elias. L’immense territoire, constituant le plus grand parc national des États-Unis, allie côtes, monts et glaciers. Les trois journées passées à l’improviste dans ce parc nous ont permis de marcher sur d’immenses glaciers, de croiser des ours, de camper devant d’impressionnantes montagnes, en plus de visiter les vestiges d’un ancien village minier, Kennecott. Le parc est si vaste qu’en trois jours, nous avons seulement effleuré ce qu’il a à offrir! Avis aux personnes qui aiment le plein air et la solitude: cet endroit est loin de recevoir le même achalandage des parcs des Rocheuses canadiennes ou ceux du reste des États-Unis.

Même après le mauvais temps rencontré en Alaska, il semblait que Dame Nature n’avait toujours pas dit son dernier mot puisque des feux de forêt se sont successivement déclenchés dans différents États et provinces. Par exemple, les intenses feux de forêt prenant place au Montana et au sud de l’Alberta et de la Colombie-Britannique nous ont poussés à davantage explorer le centre des Rocheuses ainsi qu’à passer plus de temps le long des côtes du Nord-Ouest Pacifique. Nous avons entre autres eu une superbe semaine à Vancouver où, au-delà des habituels attraits touristiques, nous avons découvert une impressionnante sélection de microbrasseries. Pour les amateurs de bières, vous devez impérativement faire un arrêt à la Brewers Row, à Port Moody, où quatre microbrasseries sont placées côte à côte! Nous avons également passé beaucoup de temps dans l’État de Washington à randonner sur les magnifiques plages, les forêts et les montagnes du parc national Olympique.

Les déserts et l’ouragan Irma

Les feux nous ont suivis jusqu’en Californie de sorte qu’à la fin octobre, nous avons migré dans le sud-ouest des États-Unis afin d’explorer les déserts. Avec ses vastes étendues, ses formations géologiques qui ont marqué l’imaginaire occidental et son climat aride, le désert est aussi magnifique que dépaysant. L’avantage d’y être à cette période de l’année est que le mercure est moins élevé; il est donc plus facile d’y faire des activités à l’extérieur sans être assommé par la chaleur. Ainsi, entre les évaporites et les dunes du parc national de la vallée de la Mort, jusqu’aux imposants canyons et arches du parc national de Canyonlands, nous avons été à la fois impressionnés et déboussolés par le contraste des paysages de cette région de l’Amérique du Nord. Le parc national de Zion est particulièrement intéressant. Avec ses imposantes falaises rougeâtres, sa faune et sa flore diversifiées, ainsi que ses rivières façonnant le territoire, il n’est pas étonnant que ce parc soit le deuxième plus visité aux États-Unis. Si vous êtes de passage au mois de novembre, sachez que vous éviterez les foules en plus de pouvoir apprécier les arbres avec leur feuillage automnal. Nous avons exploré le parc durant plusieurs jours, au cours desquels nous avons entre autres découvert le fameux Subway. Située à l’intérieur d’un canyon, cette curieuse formation rocheuse a l’allure d’un tunnel. Les personnes qui veulent l’atteindre doivent emprunter l’un des trois points d’accès, pour ensuite elles-mêmes trouver le chemin jusqu’au Subway: marche, nage et escalade sont au programme. Selon le point d’accès choisi, le chemin sera plus ou moins ardu. Les efforts en valent toutefois la peine puisque le Subway est tout simplement magnifique.

Les quatre semaines que nous aurons passées dans le sud-ouest des États-Unis auront probablement été les plus marquantes du voyage: il y a tant à explorer et tout est si différent de ce à quoi nous sommes habitués dans l’est du Canada!

Alors que nous en sommes à boucler la boucle, sur la route qui nous mènera au Québec, un obstacle de taille se dresse une fois de plus sur notre chemin. En effet, si notre voyage a jusqu’ici été influencé par la pluie et les feux, c’est au tour de l’ouragan Irma de chambouler nos plans. À l’origine, notre itinéraire devait nous mener en Floride, mais la tempête y a laissé d’importantes traces qui compromettent une grande partie des destinations que nous voulions visiter. Nous évaluons donc les différentes solutions de rechange qui s’offrent à nous. Nous opterons peut-être pour les montagnes enneigées du Wyoming et celles du parc national des Badlands, au Dakota du Sud. Rien n’est encore fixé et le casse-tête reste entier, d’autant plus que, contrairement au sud des États-Unis, les États du Nord sont beaucoup plus froids à ce temps-ci de l’année.

Un voyage marquant

Au moment où vous lirez ces quelques lignes, nous serons probablement de retour au Québec, à profiter des montagnes enneigées de Charlevoix, en essayant tant bien que mal de revenir à un mode de vie sédentaire. Le voyage aura certainement été l’une des plus belles expériences de notre vie puisqu’il nous aura permis de vivre de superbes aventures, de sortir de notre zone de confort et de rencontrer des gens de plusieurs horizons. Le problème est qu’il sera maintenant difficile de ne pas penser à la route et de ne pas se replonger dans un nouveau projet de voyage, cette fois-ci plus ambitieux. Qui sait, mon prochain article portera peut-être sur l’Amérique du Sud!

Ressources: www.decouvertesmag.com/articles

Volume - 20

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