Article plein air d'ailleurs

Propos recueillis par David Riendeau

 

photos François-Guy Thivierge

EXPÉRIENCES EXTRÊMES DANS L’OUEST AMÉRICAIN

AILLEURS / OUEST AMÉRICAIN

Publié le 1 décembre 2013, par François-Guy Thivierge

QUAND DES GENS ME DEMANDENT LAQUELLE DE MES AVENTURES FUT LA PLUS INTENSE, ILS S’ATTENDENT À CE QUE JE MENTIONNE L’EVEREST OU L’ANTARCTIQUE. POURTANT, LES EXPÉRIENCES LES PLUS TÉMÉRAIRES SONT PARFOIS LES PLUS COURTES, COMME CE FUT LE CAS À MOAB, UNE PETITE VILLE DE L’UTAH OÙ J’AI VÉCU DES ÉMOTIONS À DONNER LE VERTIGE.

Pour un amateur de plein air, Moab possède un charme magique. Étroitement encaissée dans la vallée du Colorado, la ville est au cœur des Rocheuses. Les gens affluent de partout pour s’aventurer dans l’un des nombreux et sinueux sentiers. Dans le milieu du vélo de montagne au Québec, on n’hésite pas à le décrire comme le meilleur endroit sur le continent américain pour pratiquer ce sport.

Pas plus tard qu’en mars 2013, Luc Savard, un ami de longue date avec qui j’ai déjà fait plusieurs expéditions, et moi, sommes débarqués chez nos voisins du sud, direction l’Utah. En arrivant à Moab, nous voulions nous attaquer au Porcupine Rim, un sentier de vélo de montagne de calibre international qui longe une falaise abrupte du haut de laquelle il est possible d’admirer des paysages époustouflants. Nous repérons une navette qui nous conduit vers le mont La Sal, à quelque 3350mètres d’altitude. Un magnifique décor nous accueille. Le blanc des hauts sommets enneigés contraste avec l’or et le rouge des imposants rochers qui s’étendent sous nos yeux.

Malgré l’envie de dévaler les 50 kilomètres, avec un dénivelé de 1525 mètres, du Porcupine Rim, une certaine appréhension me tenaille le ventre: vestige de mon précédent voyage à Moab en octobre 2012, pendant lequel je me suis malgré moi rappelé que bien que nous soyons préparés et expérimentés, nous ne sommes jamais à l’abri d’un incident.

Finalement, nous nous élançons sur le sentier et cette fois-ci, tout se passe comme un charme. Durant le trajet, nous étions comme deux enfants en vacances à Disney World. Ni la fatigue ni la douleur ne nous incommodaient. C’est là que je me suis dit que tous les efforts accomplis pour être ici en ce moment en valaient la peine.

LE BASE JUMPING

Aller à Moab avait une valeur symbolique importante pour moi. J’allais retrouver mon vieil ami Mario Richard qui y vivait avec sa femme, Stef Davis. Mon instructeur de parachutisme était parmi l’un des premiers au monde à donner des cours de base jumping en tandem.

Le base jumping, aussi connu sous l’éloquent vocable de «saut de l’extrême»  est en quelque sorte l’activité ultime des parachutistes expérimentés. Il faut se lancer du haut d’une falaise avec un seul parachute. Contrairement au saut conventionnel par avion, il n’y a pas de sac de secours, car la distance de chute est trop courte pour permettre à un second parachute de s’ouvrir. Autrement dit, ce type de saut ne laisse aucune seconde chance. C’était un défi que je souhaitais relever depuis longtemps. Étant donné que je ne comptais que trois sauts à mon actif, la seule personne en qui j’avais totalement confiance pour tenter cette expérience était Mario.

Nous partons le jour convenu vers 7 heures du matin. Nous roulons 40 minutes au fond de ce vaste canyon qu’est la vallée du Colorado pour arriver au pied d’une montagne de forme tabulaire aux flancs taillés au couteau, hauts de 150 mètres. Débute l’ascension de la montagne qui se déroule sans anicroche. Parvenus au sommet, Mario et moi pratiquons notre synchronisation de mouvements. Comme je l’ai dit, notre marge de manœuvre est très mince. Nous ne disposons que de quelques secondes pour ouvrir le parachute.

Fin prêt, je contemple le paysage autour de moi. «C’est la première fois que je vois quelqu’un se sentir si à l’aise avant de sauter», me confie Mario. Je me sentais comme un oisillon qui devait quitter le nid pour prendre son envol.

1-2-3! Nous faisons un bond dans le vide. Les mots ne suffisent pas pour décrire tout ce que l’on vit et qui nous vient à l’esprit à ce moment.

L’atterrissage se déroule comme prévu. Heureux d’avoir réussi, je me dis que le plus important n’est pas d’avoir sauté, mais d’avoir vaincu ma peur.

Volume - 12

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