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Crédit photo: Magazine Découvertes

FANTÔMES DE NEIGE ET MURMURES DES BOIS...

Publié le 1 décembre 2015, Par Robert Fluet, Garde-parc, guide, naturaliste

«T’es payé pour faire ça, toi? Belle job!» Je ne compte plus les fois où on m’a fait ce commentaire en considérant l’environnement naturel dans lequel j’évolue pendant la saison hivernale: la vallée des Fantômes du parc national des Monts Valin. Comme je me plais à le dire: «la vallée, c’est mon bureau!» Mon environnement de travail est une intarissable source d’émerveillement.

Je considère qu’y œuvrer comme garde-parc et naturaliste est une chance inouïe. Une réorientation tardive m’y a amené, motivé par une passion pour la nature sous toutes ses formes. Il y a un adage qui dit que: «C’est toujours plus vert chez le voisin». Et cela s’applique parfaitement lorsque ledit voisin est un parc national!

Située au Saguenay, la région naturelle du massif des Monts-Valin jouit de caractéristiques bien particulières qui en font un haut lieu de villégiature et de pratique de loisirs hivernaux. Non pas qu’il s’agisse d’une destination dénuée d‘intérêt l’été, mais la quantité considérable de neige qui s’y déverse chaque hiver contribue à sa réputation. 

Et s’il est un endroit du parc national des Monts-Valin qui reçoit de grandes quantités de neige, c’est assurément la vallée des Fantômes. Parce qu’elle est encaissée, elle reçoit la neige des sommets contigus. Le maximum enregistré est de sept mètres pour une accumulation au sol de trois mètres. Les conifères qui y poussent, blottis et protégés des vents dominants, finissent par être recouverts complètement. De là naissent les êtres mythiques qui ont fait la renommée des lieux, les Fantômes. Et c’est dans ce décor que les sportifs déambulent. 

Le départ a lieu au sommet du pic Dubuc, ainsi la randonnée se déroule majoritairement sur pente descendante, en mode économie d’énergie. Pourquoi ne pas profiter de la gravité pour évoluer? Dans ce haut lieu hivernal, les raquetteurs se retrouvent avec de la neige par-dessus la tête et n’en prennent jamais pleinement conscience avant que le premier raquetteur s’enfonce. L’effet est saisissant et les fous rires, instantanés! Ainsi, pendant près de deux heures, nous arpentons la forêt sur fond de neige légère et feutrée, en nous émerveillant de cet environnement surréaliste où se côtoient fantômes et momies, images qui marquent tellement qu’elles me suivent jusque dans mon sommeil.

Le parc national des Monts-Valin

Situé dans le massif du même nom, le pic Dubuc constitue le plus haut sommet, avec 984m d’altitude. Ce territoire protégé de 153,7 km2 se situe en marge d’un réseau hydrographique phénoménal. L’immense plan d’eau qualifié de mer intérieure qu’est le lac Saint-Jean, ainsi que sa décharge de dimension fluviale, la rivière Saguenay, se métamorphosent en fjord et forment un immense réservoir. La présence de toute cette eau génère une grande quantité d’humidité qui se condense et qui retombe sous forme de précipitations sur les sommets et les hauts plateaux. Il tombe ainsi entre 1100 et 1200mm de précipitations annuellement, dont plus de 40% sous forme de neige. Sachant qu’un millimètre de pluie équivaut à un centimètre de neige, cela signifie que cinq mètres de neige se déversent annuellement sur les hauts plateaux. Assez pour passer un bel hiver!

Backcountry et hors sentier

Les parcs nationaux du Québec sont des territoires protégés où l’on impose aux utilisateurs un comportement responsable. Il n’est pas permis de sortir des sentiers balisés, toutefois, il est maintenant possible d’accéder à l’arrière-pays en faisant une demande.

Même si la couverture nivale en saison hivernale amoindrit les impacts du froid et du gel sur la végétation au sol, dans les zones plus fréquentées la neige perd de son pouvoir isolant et la végétation en subit les dommages. De plus, au printemps, la neige compactée mettra plus de temps à fondre et la végétation n’aura accès à la lumière du soleil que tardivement. Le délai est certes assez court, mais la végétation des environnements aux conditions climatiques rigoureuses est plus sensible aux perturbations. 

Momies, fantômes?

Durant l’hiver, la poudrerie provoque d’incroyables amoncellements de neige dans les vallées perpendiculaires aux vents dominants. Dans la vallée des Fantômes, située en altitude du mont Valin, les conifères accumulent un manteau de neige qui finit par les recouvrir complètement. Les arbres prennent alors l’allure de moines en prière ou de fantômes égarés. Si vous vous en approchez, la neige moelleuse qui les entoure pourrait se dérober sous vos pieds!

Tout aussi étonnantes, les momies se profilent sur les cimes hivernales. À plus de 900m d’altitude, les sommets du mont Valin s’enrobent souvent d’épais brouillard. Sous l’effet des grands froids, les minuscules gouttes d’eau de ces nuages se déposent sur les végétaux et y gèlent instantanément. Ainsi drapés de ces coquilles de givre et de neige, les bouleaux et conifères se momifient littéralement, et ceux qui se retrouvent sous vos pieds représentent de véritables trappes à raquetteurs.

Le pôle Antoine-Dubuc

Ce chalet a été construit au milieu du siècle dernier par un notable de Chicoutimi, M. Antoine Dubuc, pionnier de la villégiature et de la pratique d’activités de plein air au massif des Monts-Valin. Acquis par La Pulperie / Musée régional, il s’agit d’un magnifique chalet de type «lodge» en bois rond. Situé en bordure du lac aux Canots, au pied de la vallée des Fantômes, l’établissement remplit diverses fonctions, dont celles d’hébergement et de relais. Ce bâtiment patrimonial au charme indéniable, en plein cœur de la nordicité valinoise, fait office de terminus pour la vallée des Fantômes. Et le soir, il est réservé aux clients en hébergement, offrant une capacité totale de huit personnes.

Le mont Valin, les Monts-Valin, le massif des Monts-Valin?

Il peut être déroutant de s’y retrouver. Au singulier, le nom réfère au plus haut sommet des Monts-Valin, soit le pic Dubuc. Avec d’autres sommets, il forme un ensemble appelé les Monts-Valin. Les utilisateurs du parc national des Monts-Valin et de la ZEC Martin-Valin (zone d’exploitation contrôlée) font référence à ce nom au pluriel «Je suis allé sur les monts...». Quoi qu’il en soit, le et les monts Valin, le parc et la ZEC font tous partie intégrante d’un gigantesque massif rocheux de 6900 km2 constitué d’anorthosite, une roche granitique introduite dans la chaîne de montagnes laurentiennes lors de sa formation.

Pour plus d'informations sur le Parc national des Monts-Valin et les activités qui y sont offertes, rendez-vous sur le site web du parc!

www.sepaq.com/pq/mva/

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Volume - 16

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