Article plein air d'ailleurs

Photos Anne Pélouas

AVENTURE NORDIQUE AU GROENLAND-LABRADOR

Publié le 17 juillet 2018, par Anne Pélouas

Pointez la boussole vers le nord du Québec et vous viserez directement le Groenland. C’est de là, au fond d’un fjord longiligne, que 192 passagers ont embarqué l’automne dernier à bord de l’Ocean Endeavour, navire de croisière de la compagnie Adventure Canada, réputée pour ses expéditions en Arctique, entre autres. Deux semaines de navigation pour passer du nord du cercle arctique à Terre-Neuve, en longeant la côte du Groenland puis celle du Labrador! Au programme: des fjords et des icebergs mais aussi de superbes balades à pied en compagnie de guides chevronnés, spécialistes de biologie, de géologie,
d’archéologie ou d’histoire inuite.


La piqûre du Groenland

Trois jours: c’est tout le temps que nous passerons sur un petit bout de cote de la plus grande île du monde… À Kangerlussuaq, l’Ocean Endeavour trône au fond d’un fjord, à 166 kilomètres de son embouchure dans le détroit de Dévis. Grandiose, c’est le mot qui est déjà sur toutes les lèvres pour décrire le décor: des montagnes enneigées, des falaises abruptes, une toundra colorée et ce bateau si photogénique qui servira de modèle à chaque escapade à terre.

Au matin, première balade en zodiac au pied de l’imposant glacier Evighedsfjord, au fond du fjord Prosperity, puis première escale au village de Kangaamiut. Il a tout d’une image de carte postale et c’est avec excitation que nous débarquons des zodiacs. Un trottoir de bois, des poissons qui sèchent au soleil. Le village inuit, juste au sud du cercle polaire, est accroché à une colline sur laquelle s’étagent les maisons de pêcheurs. On songe à Harrington Harbour, sur la Basse-Côte-Nord, en empruntant trottoirs de bois et escaliers parfois branlants pour grimper au sommet. La vue est magique : le port de pêche en contrebas, les maisons ultra-colorées, des baies encadrées de cimes enneigées et notre navire, tout petit.

À Nuuk, capitale du Groenland, je descends du navire avec un vélo de montagne, moyen de transport idéal pour faire un tour de ville. De la piste cyclable qui longe la rue principale ou qui s’en éloigne à peine, les rebonds du terrain font voir un minuscule port de pêche, une montagne enneigée, le charmant quartier colonial danois avec ses jolis bâtiments anciens à visiter absolument, le centre-ville qui ne compte que quelques rues. Une grande descente et nous voici de retour au bateau.

Du détroit de Davis au Nunavik

La journée et la nuit en mer pour traverser le houleux détroit ont donné le mal de mer à de nombreux passagers. Les autres – dont moi – profitent à plein des ponts du navire pour humer l’air du large et observer des icebergs. Quelques heures plus tard, nous sommes de retour au Québec! Le navire a viré dans la baie d’Ungava pour nous approcher du village inuit de Kangiqsualujjuaq. À chaque étape, des visites culturelles et des rencontres avec les habitants sont prévues. À bord, l’équipe d’Adventure Canada compte aussi plusieurs Inuits qui donnent conférences et ateliers sur des sujets divers, toujours passionnants.

Les Torngat, enfin!

J’ai tant rêvé de les approcher. Le temps est venu. La chaîne des monts Torngat, déjà enneigée fin septembre, nous la suivrons sur toute la côte du Labrador, entre le 60e et le 55e parallèle. Plusieurs fois, aussi, l’Ocean Endeavour se faufilera dans des fjords imposants bordés de montagnes géantes, dernier rempart nordique du bouclier canadien, et de falaises striées par le mouvement des glaciers.

Le parc national des Monts Torngat est le «clou» du voyage. Le canal d’Éclipse, au nord, est notre première étape, avec une belle randonnée prévue en bordure d’une rivière aux flots tonitruants. Mais ce jour-là, un ours polaire et un ours noir ont été repérés par nos guides. On ne badine pas avec la sécurité : c’est donc en zodiac plutôt qu’à pied que nous explorerons la rivière encaissée, aux parois couvertes de stalactites de glace.

Le lendemain, nous découvrirons le magnifique fjord de Nachvak, encadré par des murailles aux allures de château-fort et des vallées verdoyantes, avant d’entrer dans la baie de Ramah, site choisi au 18e siècle par des Allemands pour implanter une mission morave chrétienne et y évangéliser
les Inuits.

C’est à pied, alors, que nous foulerons le sol de ce lieu chargé d’histoire.

Plongeon

C’est une tradition à bord du navire: plonger en maillot de bain dans les eaux froides de la mer du Labrador. Nous serons une trentaine de valeureux à faire trempette rapide sous les yeux des plus frileux et les caméras sous-marines de plongeurs professionnels qui font partie du voyage.

Camp de base du parc national

Plus au sud, nous rejoignons la large baie de Saglek coupée d’un croissant d’îles. À St. John’s Harbour, où le parc a installé son camp de base, on se délie les jambes pendant deux heures. Comme à chaque sortie à terre, des guides armés sécurisent un grand périmètre pour éviter les mauvaises rencontres avec un ours. Ils sont juchés sur un promontoire, figurant les frontières à ne pas dépasser. Cette fois encore, la balade sur roches et dans la toundra nous attire sur les hauteurs, avec une autre vue splendide de l’archipel barrant le fjord de Saglek.

Nain

L’annonce de vents violents forcera notre capitaine à supprimer l’escale d’Hebron, site d’une autre mission moravienne implantée en 1830 sur la côte du Nunatsiavut, pays des Inuits du Labrador. Notre navire poursuit donc sa route vers le sud pour se mettre à l’abri de la tempête à venir. Ce sera au large de Black Island, mais nous resterons confinés à bord en attendant une météo plus favorable.

Le lendemain, tout le monde ou presque trépigne sur le pont pour profiter d’une belle journée à Nain, la petite «capitale» pimpante du Nunasiavut, adossée à une colline de 250 mètres de haut. Une randonnée de six kilomètres en montée soutenue permet de découvrir la baie Unity et les sommets environnants. On monte d’abord au milieu des mélèzes, tout de jaunes vêtus. Puis, on marche comme sur un trampoline dans les effluves de thé du Labrador et les moelleux lichens aux couleurs mordorées. Au sommet, marqué par un inukshuk monumental, de grandes roches sont battues par un vent violent.

Indian Harbour

On finira en apothéose sur la côte du Labrador, avant le retour vers Terre-Neuve, en tournant autour d’un gros iceberg à la peau plissée comme un éléphant puis en débarquant à Indian Harbour et sur l’île Grady, à hauteur du 53e parallèle.

Encore chargés d’histoire, ces deux sites sont aussi époustouflants de beauté. Le premier fut un port de pêche à la morue pour les Terre-Neuviens, tandis que le second abrite les vestiges d’un port baleinier. Quelques cabanes de bois à moitié écroulées et les fondations d’un petit sanatorium pour pêcheurs demeurent visibles sur un terre-plein. Après une promenade sur les roches au bord de l’eau, on attaque la pente mousseuse menant à la crête d’une muraille de granit barrant l’horizon côté mer.

Pour notre dernière sortie terrestre au Labrador, sur l’île Grady, on aura un sentiment mêlé de curiosité et de réserve en imaginant la vie, forcément rude, de ceux qui travaillèrent autrefois dans une usine baleinière. D’immenses structures métalliques et d’énormes chaudrons rouillés jonchent le sol, témoins de la frénésie baleinière des années 1920 et 1930, quand l’île a été un poste de traite de la compagnie de la Baie d’Hudson un siècle plus tôt. Quel privilège de marcher ainsi «dans» l’Histoire, humaine autant que naturelle!

adventurecanada.com


 

Volume - 21

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