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Photos: Martin Vallière

AVENTURE À L'EST PUR

Un périple de 469 km en kayak

Publié le 22 juin 2016, Par Réjean Savard

Martin Vallières, coordonnateur aux Cercles d’emprunt de Charlevoix, s’est offert l’été dernier, l’Est pur (comme il le dit) en kayak, un voyage à mi-chemin entre les vacances de plaisir et l’expédition. Un périple de 25 jours, où il a fait la découverte de la Basse-Côte-Nord et de ses paysages, de ses gens et de cette culture de partage et de convivialité qui leur est unique. Et ce, par la voie maritime, au rythme de ses propres efforts.

Découvertes s’est intéressé à son parcours pour présenter une façon de voyager de plus en plus tendance, non seulement nous permet de prendre une pause et de s’évader du quotidien, mais aussi, qui nous amène vers de nouveaux défis, à repousser quelque peu nos limites et à ouvrir nos horizons sur un tout nouveau mode de vacances, et même, de vie.

Laissez-nous vous raconter ce qui pourrait bien être votre prochaine formule «tout inclus»!

Plusieurs mois avant le départ, Martin avait déjà la tête aux vacances et son quotidien était déjà habité par l’excitation et la fébrilité. Une expédition comme celle-ci nous amène très tôt dans cet état d’esprit, puisqu’elle doit être préparée pendant longtemps. Pour Martin, c’est en octobre que les premières démarches sont effectuées, pour un départ prévu l’été suivant.

Vingt-cinq jours presque en solitaire et en autonomie complète, ça demande une part de logistique importante, et bien que le défi ne soit pas qualifié d’extrême, il est quand même appréciable. La satisfaction d’avoir su en planifier chacun des aspects et que le tout se déroule tel que prévu est excessivement gratifiant.

Il faut s’attendre à ce que la tâche soit un peu plus complexe que de simplement choisir un endroit, sortir sa carte de crédit, réserver et préparer les bagages. Tout est à prévoir. De la préparation de la nourriture à la planification de tous les menus; de l’embarcation aux vêtements spécialisés; la gestion du poids et de l’espace; et bien sûr l’itinéraire: absolument tous les aspects du voyage demandent à être soigneusement réfléchis.

Un grand sens de l’organisation est nécessaire, et pour notre aventurier, cela implique tout d’abord d’arrêter son choix sur une destination et d’identifier les difficultés liées à celle-ci. Dans ce cas-ci, l’endroit n’est pas desservi par la route, nous sommes au-delà des limites de la 138 et les établissements d’hébergement sont rares, voire même absents. Deux réalités importantes qui ajoutent un coefficient de «pensez-y bien» dans la planification.

En Basse-Côte-Nord, il faut parfois compter jusqu’à 4 jours pour rejoindre le village suivant. C’est précisément dans ces situations que la qualité de la préparation prend tout son sens. Ce n’est pas l’extrême, mais c’est un trill, affirme Martin. Il faut avoir réalisé à l’avance que ce sont des périodes où
nous sommes complètement laissés à nous-même. Tout se passe entre les éléments, le kayak, la radio marine… Et la grandeur des paysages!

Passer de 5 à 6 heures sur l’eau, c’est bien en masse! Pour moi, une partie de l’aventure, c’est d’être sur le fleuve et avancer, et l’autre partie, c’est de la découverte, s’installer, marcher, faire le feu. Il est plus facile de finir la journée tôt que de vivre à la noirceur, à moins, bien sûr, d’éprouver un réel plaisir à manipuler son équipement et s’installer à la lueur d’une lampe frontale.

Donc, c’est un départ tôt le matin pour une arrivée à destination prévue vers midi, ou 14h au plus tard. Dans cette région, nous sommes confrontés aux conditions du golfe et pour ce qui est de l’estimation des traversées, bien qu’elles se passent relativement près des rives, il serait très dangereux de les envisager de façon approximative. Il faut être à l’aise avec la navigation et les vagues qui nous regardent de haut. Les vents viennent de loin et les longues distances sont toujours risquées. Souvent, le brouillard ferme complètement l’horizon et il est nécessaire de connaître la navigation pour passer à travers ce mur, pour ne pas dévier de la route établie, et surtout, pour se rendre... Cartes, compas et GPS sont nécessaires, et déposer un plan de route auprès de la garde côtière s’avère un autre moyen de s’assurer d’un suivi lors des passages.

Bien que ce soit une façon de voyager très stimulante, celle-ci n’est pas donnée à tout le monde. Le manque d’expérience peut mettre sérieusement dans le pétrin. Avant de se lancer, il faut avoir atteint un niveau technique élevé en kayak, car les renversements sont toujours possibles. Le cas échéant, le calme, les techniques bien maîtrisées et le drysuit sont nos meilleurs alliés. 

Repas sur mesure

Mises à part la planification technique et ses difficultés, un autre volet, plus épicurien celui-ci, est la prévision des repas. Monter un menu pour un mois demande à ce que chaque jour soit décidé à l’avance pour s’assurer d’avoir de la nourriture en quantité suffisante, équilibrée et variée. Déshydrater soi-même les aliments s’avère l’une des meilleures solutions. Ils seront moins volumineux que les mets déshydratés commerciaux, et de meilleure qualité. Les repas sont en soi une petite partie de plaisir, parce que c’est bon, et c’est la raison pour laquelle il faut savoir manger avec sa tête!

Au menu: jerk de bœuf, poulet ou jambon, crevettes, purée de pommes de terre, légumes, légumineuses, riz, pâtes, cuir de fruits. Sur place, il ne suffit que d’eau et d’un feu, qui est préférable à la cuisson au gaz, puisque la bombonne, qu’elle soit pleine ou vide, occupe toujours autant d’espace dans le kayak. Tous les détails sont importants…

Are you looking for a place to stay?

Une fois que les aspects essentiels du transport, de l’hébergement et de la nourriture sont réglés, le reste, c’est l’aventure qui commence! Bien que j’aie veillé à régler mon voyage comme une horloge, il m’a quand même livré de l’inattendu, comme les gens et leur culture, leur hospitalité et surtout, leur simplicité.

Là-bas, la première chose qu’ils veulent savoir, c’est comment tu t’appelles, et ils s’en souviendront, même après plusieurs années: c’est gravé. L’entrée en relation est instantanée. J’ai participé à des échanges merveilleux avec les gens et j’ai découvert une communauté de gens qui vit de façon isolée, mais qui a l’habitude des autres et du voyage. Ils ne sont pas accueillants parce qu’ils ne voient pas de gens. C’est parce qu’ils sont voyageurs eux même, ils savent accueillir. Et ce n’est pas exception que de se faire demander par la première personne rencontrée en sortant de l’eau: «Are you looking for a place to stay? Approche, j’ai un restant de homard…», disent-ils, passant d’une langue à l’autre de façon aussi amusante que naturelle. Sérieusement, il y a pire comme accueil!

L’entrée en relation avec soi-même est instantanée elle aussi. Quelqu’un pourrait partir en voyage et avoir tout prévu, sauf découvrir la personne qu’elle est. Est-ce que cette expé a eu une incidence sur moi? Ce genre de défi, c’est précisément l’objectif. L’échappatoire du quotidien et se permettre enfin de se poser quelque part.

Pour être franc, je n’ai pas remis ma vie en question là, mais l’échange que j’y ai vécu est marquant. On partage parce qu’on socialise et c’est plutôt ça que j’ai expérimenté sur la Basse-Côte-Nord.

Je suis prêt à revivre l’expérience à tout moment, et cet été, c’est au Labrador que je compte me rendre! Non pas pour 25 jours, cette fois-ci, mais pour 6 semaines, avec toute la complexité supplémentaire que la destination amène. Je m’y prépare depuis mon retour l’été dernier, mais dans tout ça, il faut garder en tête qu’il s’agit de vacances et que le coefficient de plaisir est important et demeure l’objectif final.

J’avais cette expédition en tête depuis vingt ans et je l’ai enfin faite et tellement appréciée. Au-delà de tout ce que j’ai pu y vivre et y apprendre, j’y ai surtout appris une chose: il n’y a qu’un pas entre rêver et transposer nos rêves sur la liste des choses faisables, et les faire…

Découvertes vous invite à partager les aventures que ce récit vous inspirera, et qui sait, peut-être le verrez-vous dans nos pages bientôt…

Volume - 17

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